L’aéroport international de Tunis-Carthage, principal hub aérien de la Tunisie, est depuis plusieurs années au centre de nombreuses critiques. Si son nom est évocateur, chargé d’histoire et de prestige, ses installations actuelles peinent à répondre aux besoins d’un trafic aérien en constante augmentation. Chaque année, des millions de touristes choisissent la Tunisie comme destination, attirés par ses plages, son patrimoine culturel et son hospitalité. Pourtant, leur premier contact avec le pays laisse souvent un goût amer : un aéroport vétuste, mal organisé et aux infrastructures dépassées.
Inauguré en 1940 et agrandi à plusieurs reprises depuis, l’aéroport de Tunis-Carthage n’a jamais connu de rénovation de grande envergure depuis près de deux décennies. Les dernières extensions datent du début des années 2000, et depuis, les besoins ont largement dépassé les capacités de cette infrastructure.Aujourd’hui, l’aéroport accueille en moyenne plus de 6 millions de passagers par an, un chiffre en augmentation constante depuis la reprise post-Covid et la relance du tourisme. Mais ses capacités d’accueil et de traitement des voyageurs restent limitées, créant un véritable goulot d’étranglement. Les voyageurs se plaignent régulièrement des longues files d’attente, aussi bien à l’enregistrement qu’aux contrôles de sécurité ou à la récupération des bagages. L’aéroport manque cruellement d’espaces d’attente confortables, de zones commerciales modernes, de restaurants de qualité ou encore d’infrastructures adaptées aux passagers à mobilité réduite.
Une image contrastant avec la richesse touristique du pays
Pour un touriste étranger, l’aéroport est souvent le premier et le dernier contact avec la Tunisie. Or, l’état actuel de Tunis-Carthage renvoie une image négative qui contraste fortement avec la richesse touristique du pays.L’insuffisance de la signalétique, la vétusté des équipements, l’état des sanitaires, l’absence de climatisation efficace lors des fortes chaleurs estivales ou encore le manque d’espaces de détente font partie des critiques récurrentes. À cela s’ajoutent des problèmes de gestion des flux de passagers, notamment lors des pics saisonniers, avec des retards à répétition et une désorganisation notable aux heures de pointe.
Ce déficit de qualité impacte directement l’image du pays et peut dissuader certains visiteurs de revenir. À l’heure où la concurrence entre destinations touristiques méditerranéennes est de plus en plus forte, chaque détail compte dans l’expérience globale du voyageur.
L’importance stratégique d’une rénovation
La modernisation de l’aéroport de Tunis-Carthage n’est plus un simple projet d’amélioration, c’est une priorité nationale. Dans un contexte de reprise du tourisme et de renforcement de l’attractivité de la destination Tunisie, disposer d’un aéroport moderne, efficace et accueillant est devenu indispensable. Au-delà des considérations esthétiques ou de confort, c’est aussi une question de sécurité et de conformité avec les normes internationales. Plusieurs audits ont déjà pointé les insuffisances techniques de l’aéroport, que ce soit au niveau des infrastructures, des équipements de sécurité ou de la gestion des flux de passagers. Une rénovation complète permettrait non seulement d’augmenter la capacité d’accueil de l’aéroport, mais aussi d’améliorer la fluidité des opérations, de réduire les délais d’attente et d’offrir aux voyageurs une meilleure expérience globale.
L’urgence de la situation impose des décisions rapides. Mais au-delà d’une simple rénovation cosmétique, il s’agit de repenser entièrement la configuration de l’aéroport. Cela inclut la réorganisation des terminaux, l’agrandissement des zones d’embarquement, la modernisation des systèmes de traitement des bagages, le renforcement des dispositifs de sécurité et la création de nouveaux espaces commerciaux et de services. L’État, en partenariat avec des investisseurs privés et des institutions internationales, doit élaborer un plan de modernisation ambitieux et durable. Ce projet devrait également s’inscrire dans une vision plus large de développement du transport aérien en Tunisie, en coordination avec les autres aéroports du pays.
Un levier économique majeur
Il ne faut pas oublier que l’aéroport est bien plus qu’un simple point de transit. C’est un moteur économique à part entière. Une infrastructure moderne et performante génère des milliers d’emplois directs et indirects, attire les compagnies aériennes internationales et renforce la compétitivité de la destination Tunisie. Un aéroport rénové pourrait aussi contribuer à diversifier les flux touristiques, en attirant plus de vols long-courriers, notamment en provenance d’Amérique du Nord, d’Asie ou du Moyen-Orient. Cela ouvrirait de nouvelles perspectives pour le secteur touristique, mais aussi pour le commerce, les affaires et l’investissement.
La situation actuelle de l’aéroport de Tunis-Carthage ne peut plus durer. La Tunisie, qui mise énormément sur le tourisme et l’attractivité internationale, ne peut se permettre de laisser son principal aéroport dans un état aussi dégradé. La rénovation et la modernisation de Tunis-Carthage doivent devenir une priorité absolue pour le gouvernement et les acteurs du secteur aérien. Il y va non seulement de la qualité de l’accueil des visiteurs, mais aussi de l’image, de la compétitivité et du développement économique du pays dans son ensemble.
L’enjeu est clair : un aéroport moderne pour un tourisme durable et une Tunisie plus accueillante.
Leila SELMI