Elles sont partout et elles font preuve d’un grand mérite là où elles exercent. Les femmes tunisiennes se font une place de choix dans la vie active et elles sont là, à tous les postes possibles grâce à leur compétence, leur détermination et leur rage de vaincre et de réussir. Dans un environnement habitué à la dominance masculine, cette nouvelle réalité est en train de s’imposer et nous sommes tous tenus de nous adapter à ce changement de décor qui reflète le mérite et la détermination grandissante de ces femmes qui veulent réussir et montrer ce dont elles sont capables…
Le récent recensement de 2024 l’a déjà annoncé : officiellement, la Tunisie compte plus de femmes (50,7%) que d’hommes (49, 3%) et le sexe dit « faible » est en train d’aller de l’avant pour assumer, comme il se doit, sa mission et ses responsabilités.
Le fait est nouveau et inédit. En effet, jusqu’en 2004, les hommes étaient plus nombreux que les femmes, mais cette tendance s’est inversée après le recensement de 2004. En effet, le RGPH 2014 a enregistré 50.2% de femmes contre 49.8% d’hommes. Dix ans plus tard, les résultats du recensement 2024 montrent que cette suprématie féminine se confirme.
Cette prédominance féminine croissante soulève, toutefois, des enjeux majeurs en matière de planification, notamment dans les domaines de la santé et de la sécurité sociale, qui devrait désormais prendre en considération cette réalité démographique.
Dans le domaine de la santé, à titre d’exemple, les femmes représentent 51% du nombre total des médecins en Tunisie. Au 15 février 2024, on a recensé 13 197 femmes médecins dont 6895 sont inscrites dans la branche « Médecine générale ».
Dans ce même secteur, les femmes représentent plus de 70% des diplômés en doctorat de médecine, pharmacie et médecine dentaire. Elles sont particulièrement présentes dans les professions paramédicales, constituant une majorité écrasante dans certaines régions (jusqu’à 80% du personnel paramédical à certains endroits). Les infirmières, par exemple, représentent environ 64% de la profession.
Dans le domaine de l’enseignement, la dominance des femmes est on ne peut plus claire. Mieux encore, même pour l’enseignement supérieur, elles sont plus nombreuses puisqu’elles constituent plus des deux tiers des diplômés de l’enseignement supérieur en Tunisie (environ 70%). Elles sont également très présentes dans la recherche scientifique, constituant 55% des chercheurs dans tous les secteurs du pays. De même, la présence des femmes dans le corps des enseignants a dépassé 50%. Dans le domaine scientifique universitaire, elles représentent 49,3% des enseignants.
Autre fait confirmé par les résultats à l’examen du baccalauréat au cours des dernières années, les filles sont plus nombreuses que les garçons à passer le bac et à le réussir, avec un taux de réussite supérieur de près de 10 points.
Elles sont partout et elles le méritent
Et comme les femmes tunisiennes sont prêtes à relever le défi dans tous les secteurs et les aspects de la vie active au pays, les derniers chiffres révélés par Mohamed Ali Nafti , le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, n’ont pratiquement pas étonné au vu de cette évolution de plus en plus confirmée. Il vient de nous apprendre que les femmes occupent 36% des postes diplomatiques et consulaires en Tunisie, avec 11 femmes à la tête de consulats et d’ambassades dans le monde, notamment aux États-Unis, en Inde, en Jordanie, en Serbie et en Finlande. Dans un domaine aussi délicat que sensible et face aux défis sécuritaires que vit le monde d’aujourd’hui, la femme diplomate tunisienne est appelée à jouer un rôle important dans la recherche de solutions et dans le développement de la diplomatie tunisienne, à travers une approche fondée sur l’innovation, le dévouement et les valeurs humaines pour établir la paix et la sécurité dans le monde.
Il est également utile de rappeler que la Chambre nationale des femmes cheffes d’entreprises (CNFCE) compte dans ses rangs plus de 800 femmes opérant dans tous les secteurs et capables de jouer un rôle prépondérant dans le développement de l’économie, de l’emploi et d’autres domaines.
Tout cela sans oublier que la Tunisie est l’un des rares pays à avoir confié le rôle de Cheffe de gouvernement, à deux reprises, à des femmes, avec Najla Bouden (en 2021) puis Sarra Zaâfrani Zenzri, actuellement en poste. Il s’agit de hautes performances féminines que l’on voit rarement, même dans certains pays européens réputés pour leur engagement en faveur des droits des femmes.
C’est dire que la Tunisie est en train de découvrir un nouvel environnement marqué par une présence féminine plus accentuée dans tous les domaines. Dans d’autres pays, particulièrement les pays nordiques qui connaissent la même tendance démographique, les populations s’enorgueillissent de faire partie des nations les plus développées, à l’instar de la Finlande, la Norvège, l’Islande, la Suède, le Danemark et l’Estonie, où les femmes tiennent les commandes dans les secteurs les plus importants.
Aujourd’hui, une plus grande place est réservée à la femme tunisienne qui doit assumer son nouveau statut et son rôle pour porter le pays en avant. Toutefois, toute la population, masculine et féminine, doit prendre en considération ces nouvelles données et contribuer à la réussite de ces dames capables de réaliser encore plus d’exploits pour peu qu’elles bénéficient d’un plus grand soutien de la part du citoyen et des structures qui gouvernent le pays.
Kamel ZAIEM