Le mardi 17 juin 2025 marque un tournant significatif pour le système de santé tunisien. Le ministre de la Santé, Dr Mustapha Ferjani, a inauguré une série de projets médicaux d’envergure à l’Hôpital Charles Nicolle de Tunis. Ces projets, qui s’inscrivent dans une dynamique nationale de modernisation hospitalière, témoignent de l’urgence et de la nécessité d’investir dans des infrastructures médicales performantes pour répondre aux besoins croissants de la population.
Depuis plusieurs années, les hôpitaux publics tunisiens font face à de nombreux défis : surcharge des services, manque d’équipements, infrastructures vieillissantes, pénurie de personnel soignant et exode des compétences médicales.
Ces facteurs ont considérablement affecté la qualité des soins, creusant les inégalités entre régions et accentuant la perte de confiance des citoyens dans le système public. Dans ce contexte, les nouvelles réalisations à Charles Nicolle ne sont pas de simples rénovations techniques, elles représentent une réponse structurelle aux enjeux de santé publique, une amélioration concrète des conditions de prise en charge des patients et un espoir pour les professionnels de santé.
Un nouveau service de néonatologie : priorité à la vie
Le fleuron de cette série d’initiatives est sans doute le nouveau service de néonatologie. Doté de 20 lits de réanimation et de 10 lits de soins intensifs, ce service ultra-équipé est conçu pour assurer une prise en charge optimale des nouveau-nés en détresse vitale. Réalisé grâce à une coopération tuniso-italienne d’une valeur de 10 millions de dinars, ce centre se veut également un pôle de formation pour les équipes soignantes spécialisées en pédiatrie et en maternité. Ce projet répond à une réalité souvent dramatique : la mortalité néonatale demeure un indicateur de santé préoccupant en Tunisie. En modernisant les capacités de soins intensifs pour les nourrissons, l’État agit directement sur un levier essentiel de la santé materno-infantile, contribuant à sauver des vies dès les premières heures d’existence.
Autre avancée majeure : l’ouverture d’une unité d’hospitalisation de jour dédiée à la diabétologie et à l’endocrinologie. Dans un pays où les maladies métaboliques comme le diabète touchent une part croissante de la population, cette structure permet un suivi plus régulier, plus personnalisé et surtout, sans recourir à des hospitalisations longues et coûteuses. L’innovation de ce service réside également dans son approche éducative : les patients sont formés à mieux gérer leur pathologie au quotidien, favorisant ainsi la prévention des complications et allégeant la charge des hôpitaux.
Des équipements de pointe pour un diagnostic rapide
L’amélioration des infrastructures passe aussi par la modernisation des outils de diagnostic. L’acquisition d’un nouvel appareil IRM de haute performance, d’une valeur de 4,5 millions de dinars, permettra d’augmenter significativement la capacité de détection précoce des pathologies complexes. Cela se traduit par une réduction des délais d’attente, un diagnostic plus précis et donc une orientation thérapeutique plus efficace. Ce type d’équipement, longtemps réservé aux cliniques privées ou aux grandes villes, doit désormais se généraliser dans le secteur public pour garantir l’équité d’accès à des soins de qualité.
Enfin, l’inauguration d’une unité de lithotripsie intelligente dans le service d’urologie marque l’entrée de l’hôpital Charles Nicolle dans l’ère de la santé numérique. Cette technologie, intégrant l’intelligence artificielle, améliore le ciblage et la précision des traitements contre les calculs rénaux, tout en réduisant les effets secondaires et la durée d’intervention. Cette transformation numérique répond à un double objectif : moderniser les actes médicaux et optimiser la gestion hospitalière, dans un contexte où chaque ressource doit être exploitée avec rigueur.
Une vision d’avenir à généraliser
Les initiatives de Charles Nicolle ne doivent pas rester isolées. Elles doivent inspirer une politique nationale ambitieuse, fondée sur la réhabilitation des structures existantes, la formation continue du personnel médical, l’égalité d’accès aux soins entre les régions et l’intégration progressive de la technologie dans tous les services hospitaliers.
La santé est un droit fondamental. Investir dans des hôpitaux modernes, humains et performants, c’est investir dans la dignité des citoyens, dans la stabilité sociale et dans le développement économique du pays. Plus qu’un luxe, c’est une nécessité. Ces projets à Tunis sont une démonstration que la Tunisie a les moyens de faire de sa santé publique un véritable moteur de progrès.
Leila SELMI