Par Hédi CHERIF (Sociologue)
Secoué par un Tsumani numérique, et pris dans un tourbillon inédit dans le fleuve du devenir historique, le monde continue à évoluer et à changer à une vitesse vertigineuse et miraculeuse. Avec une technologie hautement qualifiée qui meuble l’espace socio-économique dans tous ses domaines et dans tous ses secteurs, cette culture numérique avec toutes ses ramifications en matière d’algorithmes et d’applications artificiellement très intelligente (IA), s’installe dans notre quotidienneté sociétale au titre d’une nouvelle technologie sans laquelle une pluri paralysie fonctionnelle menacerait sans cesse notre vie au quotidien et annonce un été où l’humanité aura très chaud.
Depuis le tournant du XXIe siècle, l’ère de la révolution NBIC (nanotechnologie, la biotechnologie, l’informatique et la connectivité), l’humanité est confrontée à une révolution sans précédent : un véritable tsunami numérique. L’irruption massive des technologies digitales, ( internet, réseaux sociaux, intelligence artificielle) bouleverse nos façons de penser, et d’exister dans notre zone de confort, de travailler, de communiquer, de comprendre ses émotions, de reconnaître celles des autres, de rentrer en relation avec autrui de manière authentique et empathique. Si ces innovations promettent des avancées spectaculaires, elles engendrent aussi une série de dérèglements profonds, telles que : la fragilisation des relations sociales, la déshumanisation des interactions émotionnelles, et la transformation radicale des dynamiques collectives. Ce déferlement technologique invite à une réflexion cruciale sur :
- Cette société moderne sur le risque qu’elle court d’un monde hyperconnecté et émotionnellement de plus en plus déshérité et déserté, tout comme sur le devenir de l’utilité des neurosciences pour l’entretien et la gestion des relations humaines.
- Sommes-nous en train de déléguer nos émotions à des systèmes qui ne les comprennent pas, et qu’ils nous déshumanisent d’un jour à l’autre ? l’intelligence artificielle peut-elle cohabiter avec l’intelligence émotionnelle ? Ou sommes-nous engagés dans une opposition irréconciliable entre raison numérique et sensibilité humaine ? Le progrès technique peut-il encore être synonyme de progrès humain ? Ou assistons-nous à une déshumanisation rampante au profit de l’efficacité, de l’instantanéité et du contrôle algorithmique
- Il est vrai que ce “Tsunami numérique” nous expose à un printemps où l’IA, est loin d’être une simple saison joyeuse, de bonne floraison, mais aussi nous expose à un réchauffement inquiétant qui annonce et qui ressemble de plus en plus à une canicule anthropologique aux horizons brumeux , au plan des stratégies et des politiques de gestion des rapports de l’hommes avec l’environnement dans toutes ses spécificités et ses diversités socio-économiques politiques et culturelles , pour un projet futur de cohabitation des intelligences multiples ( IA/IE/IS)). Émotionnel si vrai que nous avons semé des outils surpuissants, avec le risque que nous ne saurions pas en maîtriser les conséquences sur notre humanité , et où l’intelligence artificielle peut contribuer à une forme de déstructuration socio-culturelle et une déshumanisation émotionnelle, telles que l’automatisation des relations sans chaleur humaine, plutôt avec un vide émotionnel réel, ou une uniformisation affective avec des modèles simplifiées réduisant ainsi leurs diversités et leurs complexités ……etc. , mais il est aussi important de signaler que le monde pour lequel nous nous dirigeons, et qui n’est pas encore réellement le notre , demeure l’apanage des cerveaux humains, et des volontés humaines pour y accéder avec prudence vers un meilleur être psycho-social dans un monde hyper connecté, et bien humanisé.
Dans leurs modes de réflexions scientifiques et philosophiques, les spécialistes des sciences sociales, humaines, logicomathématiques et technologiques étaient prévoyants et avant-gardistes et souvent à la pointe du progrès, au point de faire la part des choses pour bien veiller à un progrès scientifique dans la cohabitation des intelligences multiples. A ce sujet A. Einstein qui possédait un des quotients intellectuels des plus puissant ( 160 ) disait : ‘’ Nous devrions faire attention à ne pas faire de l’intellect notre Dieu. Il possède naturellement des muscles puissants, mais il n’a pas de personnalité Il ne peut conduire, il peut seulement servir.‘‘
Quant à D. Goldman le spécialiste de l’Intelligence émotionnelle considère que la rationalisation de notre côté émotionnel demeure notre clé de réussites multiples
« Aucune Créature ne peut voler avec une seule aile, l’art de conduire les hommes, se situe à la croisée du cœur et de la tête, des sentiments et de la pensée. Ce sont les deux ailes qui permettent au leader de s’élever » Leadership & Structure du cerveau (D. Golman p 46 IET)
Adapter l’Intelligence Émotionnelle (IE) de Daniel Goleman à l’intelligence artificielle l’IA, demeure toujours l’apanage de l’être humain. Comment adapter et articuler les quatre fondements de l’intelligences émotionnelles ( la conscience de soi, la maîtrise de soi, la conscience des autres et la gestions des relations sociales ) à l’intelligence artificielle, semble un peu délicat même si dans un objectif de régulation émotionnelle assistée, le recours à quelques outils de l’intelligence artificielle peuvent aider l’humain à mieux gérer ses émotions. Mais cela pose une limite éthique essentielle : l’IA peut-elle vraiment comprendre ce qu’elle ne vit pas ?
– La révolution du numérique du XXIème S, fait que notre civilisation repose d’or et déjà sur une croissance d’un processus d’invasion de l’IA , une invasion qui augmente de plus en plus notre dépendance et qui nous expose aux risques d’un monde réellement, de plus en plus déshumanisé.
– Pris en tenaille entre le progrès technologique et les intérêts financiers des gourous du numérique, et étant émotionnellement déserte, l’intelligence artificielle, avec toute sa technologie de pointe ,continue à manifester son incapacité à comprendre, et à ressentir ce qu’elle ne vit pas dans les guerres et les génocides qu’elle continue à contrôler et à nourrir .
– Le printemps de l’intelligence artificielle, annoncera-t-il un été où l’humanité aura un été très chaud ? Aux gourous du numérique , « Larry Page ( Internet), et Serg Brin ( google ), Bill Gate (Microsoft) , Mark Zuckerberg ( Facebook) et Elon Musk ( Tesla ) » de nous en parler humainement, en dehors des performances technologique et des intérêts financiers.