Lundi a marqué le coup d’envoi de la session principale du baccalauréat en Tunisie, moment phare du calendrier éducatif national. Plus qu’un simple examen, ce diplôme demeure un puissant levier d’ascension sociale, notamment pour les élèves issus de milieux modestes.
Si sa portée symbolique reste intacte, le bac reflète aujourd’hui de profondes transformations dans le paysage éducatif. Les méthodes de préparation ont évolué : les candidats s’appuient désormais sur des outils numériques, voire l’intelligence artificielle, rompant avec les révisions solitaires et les lectures en bibliothèque d’antan.
« La préparation et les conditions ont changé, mais la valeur du bac reste intacte », souligne Samia, 56 ans, qui a passé l’examen en 1987. À son époque, les cours particuliers étaient rares. Leur généralisation actuelle, souvent en dehors du cadre scolaire officiel, soulève des préoccupations croissantes au sein du ministère de l’Éducation.
Autre évolution notoire : l’implication des familles. « Aujourd’hui, les parents accompagnent leurs enfants à l’aller et au retour, ce qui est un point positif », note Samia, citée par l’agence TAP. Mais cette attention accrue s’accompagne souvent d’une pression plus forte, ressentie par les élèves.
Le mode d’annonce des résultats a lui aussi changé. Ramla, 49 ans, se remémore avec émotion les proclamations publiques via haut-parleurs. Mariem, recalée en 1995, n’en garde pas un bon souvenir : « J’ai appris mon échec en public. Aujourd’hui, les SMS évitent cette humiliation. »
Institué en 1891 sur le modèle français, le bac tunisien a connu sa première session post-indépendance en 1957. Plus d’un demi-siècle plus tard, il continue de symboliser un rite de passage, à la croisée des héritages et des nouvelles pratiques.
(avec TAP)